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Gabriel CATTIN

25150 Pont de Roide

gab.cattin@wanadoo.fr

1959 À 2000

Obsèques de Paul DESBROSSE

Adieu PAUL ! …
Sans fleurs ni couronnes… passe encore ! Je reconnais bien là ta modestie, mais dut elle en souffrir dans l’au-delà, laisse-moi te dire un dernier mot… Pour ton épouse, pour tes enfants et la foule de tes amis ici présents qui ne me le pardonneraient pas !
Ton âme libérée a dû me faire un signe car cette nuit je me suis réveillé puis rendormi très tard : Je me suis souvenu de tes appels nocturnes, il y a quelques décennies, depuis tes chantiers de Saint-Loup-sur-Semouse ou sous les Tropiques à l’autre bout du monde. Tu me faisais partager tes soucis de chantier. Tu avais besoin d’être rassuré. Mal réveillé, je pestais en silence mais je te comprenais.
A nos débuts, après mon frère Yves et Jeannot, tu devenais le 3ème homme de la classe 56 que j’embauchais. Rescapé comme eux de l’Atlas, tu étais déjà un monteur mécanicien adroit, expert en ponts roulants sur chaîne de trempe et de laminage d’acier. L’expérience que tu nous as apportée a été un des solides fondements de la pyramide de monteurs extraordinaires qui ont fait la réputation de Cattinair.
Si tu n’avais pas souffert, le jour de notre rencontre, d’une sérieuse déprime sentimentale, aurais-tu quitté un poste d’avenir assuré chez Peugeot pour les acrobaties incertaines de mon miroir aux alouettes ? Je me demande si tu n’as pas regretté ta décision à certains moments difficiles de ta carrière et mis en parallèle le froid glacial, le vent en tempête ou les aboiements d’un client coléreux… avec le crapahutage dans les Aurès, le sifflement des balles et la peur au ventre.
Car tu étais de cette génération qui a souffert en Algérie, enrôlée de force dans un combat perdu. Ton corps s’était endurci mais les tourments de l’âme ont dû longtemps nourrir tes cauchemars nocturnes.
Au cours des années 60 avec mon frère Yves, tu as formé et entraîné les premiers candidats sans diplôme, sympathiques casse-cou qui ont bien voulu accepter les semaines sans fin aux quatre coins de l’hexagone avec le gîte et le couvert dans de modestes auberges ! Au p’tit bal du samedi soir, vous arriviez en retard, sales et fourbus, retrouver les copains qui avaient choisi le travail à la chaîne minuté à Sochaux… et ceux qui franchissaient la frontière suisse pour un franc plus lourd. Tu jurais alors que tu en avais marre et qu’on ne t’y reprendrait plus… Mais nos clients (Michel Parisot en particulier) ne pouvaient plus se passer de toi !
Après de nombreuses années haut-saônoises et vosgiennes, tu as enfin cédé à l’appel du grand large… La Côte d’Ivoire, le Cameroun et l’Algérie en mutation avaient besoin de ta compétence. Tu as pris goût à l’exotisme…
On se souviendra longtemps de l’Indonésie et d’une île de la Sonde sous la mousson. En l’absence de port et en raison des hauts fonds, tu avais dû débarquer le matériel sur des barges pour accoster.
En Equateur, sur la Cordillère des Andes à 3000 mètres d’altitude, tu as installé notre matériel dans la fabrique de meubles la plus haute du monde. Tour à tour chef d’atelier et monteur avec 5 apprentis tôliers soudeurs andins, tu as réalisé le montage des collecteurs d’aspiration, le stockage et l’incinération des sciures et copeaux. Tu avais séduit notre client au point que nous avions envisagé un instant de créer une filiale dans le cadre du Pacte Andin, Cattinair de los Andes… Pourquoi pas ? En 9 mois tu avais déjà formé une équipe locale de tôliers – de football également – et acquis une réputation en pêchant des truites dans un lac glaciaire !
Mais la lassitude peut-être, l’usure de la fatigue sans doute et la maladie sûrement t’ont fait prendre une retraite anticipée.
Tu as pu profiter de la pêche dans les rivières comtoises et de la cueillette des champignons.
Permets-moi seulement de regretter que tu n’aies pas participé à nos fêtes anniversaires et salué les départs arrosés de tes camarades.
Sache, mon cher PAUL, intrépide pionnier solitaire, que tu as profondément marqué ton passage chez CATTINAIR !
Merci encore et ADIEU.

Gabriel CATTIN                  

En l’église de Pont-de-Roide le 31 janvier 2004

 

Gabriel CATTIN - @mail : gab.cattin@wanadoo.fr

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